RÉSIDENCES sur le Territoire – photographie et vidéo avril/juin/novembre 2023

– temps de rencontres publics, scolaires.

Isabel Pérez del Pulgar

https://www.isabelperezdelpulgar.com

Vidéo/photographie

Dans mes projets, le corps (mon propre corps) occupe et articule l’espace. Il y est objet, sujet, acteur, outil, instrument. Il (se) joue et déjoue dans un espace-temps qui le traverse et une construction-déconstruction permanente. Être soumis à ce qui ne peut pas être contrôlé tout en tentant d’échapper à la soumission. C’est l’une
des récurrences de mes films, dont j’explore les variations et les points de vue.
Plusieurs thèmes me sont chers: les questions de l’identité, de la fragilité de nos existences, de la violence subit par la femme, de la disparition, de l’emprisonnement du corps, de la mort, les relations de pouvoir… souvent dans des séquences d’autoreprésentation. Ces thèmes forment un noyau mouvant ayant besoin d’être sans cesse réinventé, amplifié, aiguisé, exploré.
Je construis des récits audiovisuels à caractère expérimental, que je nomme le cinéma élargi. Grâce à ses caractéristiques spécifiques de polyvalence, de mutabilité et d’hybridation avec toutes les techniques et moyens d’expression artistique, cette manière de conter des histoires, de façonner les récits, me permet d’explorer des voies singulières pour construire mon univers visuel. Cet univers se construit par un imaginaire métaphorique, poétique, pictural, théâtral, dont je prends les clés pour articuler mon discours. Un discours et une narration non linéaires. C’est-à-dire éloignés du concept narratif traditionnel. Ainsi suis-je plus proche de l’expérience sensorielle qui interpelle, que d’une narration qui expose un discours clos.

captures d’images vidéos 2022/2021 de Isabel Pérez del Pulgar

Coline Jourdan

https://www.colinejourdan.com

photographie

Mon travail articule les questions de la perception et de la représentation du toxique à celle de sa relation avec la matière, l’espace et l’image. Mes projets photographiques engagent une réflexion sur sa présence dans notre environnement quotidien et sur ses impacts souvent imperceptibles. Si la toxicité ne se voit généralement pas, si le danger qu’elle représente est souvent l’objet d’un déni, l’art peut alors se présenter comme un moyen de la représenter, de la rendre sensible, d’y sensibiliser.

Engagée pour la défense de l’environnement, je prends toutefois soin d’aborder la question sans tomber dans certains lieux communs de l’écologie. J’entretiens en effet une relation ambiguë à mon sujet, placée entre inquiétude face aux mutations de l’environnement dues à l’anthropocène et fascination pour les transformations d’ordre plastique que la chimie opère. Avant que je ne prenne conscience des troubles écologiques de notre monde, j’ai en effet été fascinée par les mécanismes de révélation de la photographie, par l’image de ces naissances artificielles, issues de réactions chimiques. La chimie m’est ensuite apparue comme un pharmakhon : un poison destructeur contenant en lui-même les moyens d’une remédiation, d’une transformation positive de la matière.

Jill Guillais

https://www.jillguillais.com/

  • Résidence – novembre 2023
  • Le travail de Jill Guillais oscille entre sculpture, vidéo, écriture, livre d’artiste et photographie. Chacune de ses interventions, quel qu’en soit le médium, est appréhendée avec un regard de sculpteur : elle travaille sur l’épaisseur d’un mot, retire la couleur dominante d’une image, réagence des formes familières ou additionne des gestes sous la forme de protocoles à activer. L’artiste joue avec les codes de la maîtrise et du lâcher-prise, d’où l’apparition fréquente dans son travail de calculs alambiqués ou d’instruments de mesure désorientés : elle calcule des parcelles de pâquerettes, mesure les angles des fleurs séchées ou contrarie des schémas trop rangés. Elle pose des calculs sur des éléments qui ne se maîtrisent pas tels que les saisons, le hasard ou la sérendipité jusqu’à ce que le processus de recherche fasse narration. Elle conçoit des dispositifs qui interrogent le rendre auteur et la signature. Et puisqu’un verbe non conjugué reste ouvert à tous les sujets, c’est dans la forme infinitive que l’artiste investit son écriture : dans une forme hybride entre le protocolaire et la poésie.